Peut-on simplement compenser une baisse de la fourniture d’azote (N) pour la plante provenant de la matière organique par des applications d’engrais minéraux plus importantes lorsqu’un sol agricole se dégrade ? Notre expérience nous laisse penser que plus la fertilisation N est élevée plus on sera proche du potentiel de rendement. Mais est-ce vraiment une généralité ?
Au travers du cas du maïs et de l’analyse de multiples essais de dose N croissante en Suisse, nous allons illustrer que les réponses aux questions ci-dessus sont pas forcément affirmatives et qu’il y existe même des situations pour lesquelles ce rapport à la fertilisation s’inverse. De par les limitations techniques à l’application de fertilisant dues à la croissance des plantes, plusieurs mois s’écoulent entre la dernière fertilisation (fin du printemps) et la récolte (automne). La longue période de croissance durant laquelle les besoins en N de la culture ne peuvent être couverts par des applications supplémentaires d’engrais peut conduire à une carence en N.
Les résultats de l’étude montrent que la dose N optimale tend à être inversement proportionnelle au rendement maximal atteignable. Le rendement maximal étant lui, au contraire, proportionnelle à l’azote fourni par le sol. Ces résultats démontrent que dans le cas du maïs, la fertilisation peut compenser en partie une diminution pour la plante de la fourniture d’azote (N) par le sol dans des conditions peu favorables mais qu’elle ne permet pas d’atteindre les rendements les plus élevés attendu pour cette culture. Pour cela, il est nécessaire d’avoir des sols de bonne qualité avec un niveau de matière organique élevé afin de soutenir une fourniture de N tout au long de la période de croissance. Ceci souligne aussi l’importance des engrais de ferme et autres produits résiduaires organiques pour augmenter la qualité des sols et renforcer la synchronicité entre les besoins de la plante en N et sa fourniture par le sol.