Dans le cadre du projet PestiRed, 68 agriculteurs de trois cantons (VD, GE et SO) ont pour objectif de réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques de synthèse (PPh) de 75 % sans perdre plus de 10 % de rendement dans différentes grandes cultures au sein de rotations diversifiées de six ans. Les agriculteurs mettent en oeuvre des combinaisons de mesures agroécologiques préventives et curatives sur une parcelle innovante, tandis qu’ils continuent leurs pratiques usuelles sur une parcelle témoin. Chaque année, Agroscope réalise des relevés de flore adventice trois fois par culture (après désherbage en automne, après désherbage au printemps et avant récolte) sur les deux parcelles chez une partie des agriculteurs (32). Pour caractériser la flore adventice et pour évaluer l’efficacité du désherbage, quatre indicateurs ont été calculés pour les quatre premières années du projet (2020 à 2023): l’indicateur de fréquence de traitement herbicide (IFTH), la richesse spécifique (nombre d’espèces adventices), la fréquence et la densité moyenne des adventices. Les analyses ont été effectuées pour les trois cultures principales du projet: le blé, l’orge et le colza. En moyenne, 23, 20 et 28 espèces adventices ont été identifiées dans les cultures de blé, orge et colza. La richesse spécifique diminue lorsque l’utilisation d’herbicides augmente, surtout dans le blé. Les espèces adventices les plus fréquentes, toutes parcelles et cultures confondues, sont la véronique de Perse (sur ≥ 70 % des parcelles), le mouron des oiseaux (≥ 63 %) et le pissenlit (≥ 58 %), suivies par deux graminées, le pâturin annuel (≥ 56 %) et le ray-grass d’Italie (≥ 53 %). Au cours de l’année dans les trois cultures et chez la majorité des agriculteurs, les stratégies sans herbicides avec mise en œuvre de mesures alternatives permettent d’atteindre le même niveau de contrôle d’adventices que les stratégies basées sur l’usage d’herbicides. Toutefois, une densité plus élevée d’adventices dans les parcelles sans herbicides a pu être observée avant la récolte dans le blé et après les désherbages de printemps dans l’orge et le colza. L’espèce adventice ayant la densité la plus élevée est le mouron des oiseaux, ceci dans les trois cultures et à chaque fois dans les parcelles sans herbicides (2,2 à 11,3 plantes/m2). La seconde espèce la plus abondante, elle, varie selon la culture et l’utilisation ou non d’herbicides: il s’agit du ray-grass d’Italie dans le blé sans herbicides (1,3 plantes/m2), du vulpin des champs dans l’orge avec herbicides (1,5 plantes/m2) et du laiteron rude dans le colza avec herbicides (2,1 plantes/ m2). Les premiers résultats de quatre années de monitoring du projet PestiRed soulignent les perspectives intéressantes du contrôle sans herbicides des adventices dans le blé, l’orge et le colza. Des analyses détaillées préciseront l’évolution de la composition des communautés adventices, le rôle des différentes pratiques mises en œuvre ainsi que leurs effets sur les rendements sur la rotation de six ans.
Wirth J., Wassef J., Delavallade A., Cadot S., Masson S., Jeanneret P.
La flore adventice du blé, de l’orge et du colza avec un usage réduit d’herbicides.
Recherche Agronomique Suisse, 15, 2024, 330-341.
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ISSN Online: 2813-317X
Digital Object Identifier (DOI): https://doi.org/10.34776/afs15-330
Publikations-ID (Webcode): 58286
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