Cette étude a été réalisée afin de tester l’hypothèse qu’après une période de déplétion en phosphore (P) digestible et en calcium (Ca) apte à induire des régulations pour augmenter l’utilisation de ces minéraux, les cochettes peuvent rattraper le déficit de minéralisation osseuse lorsqu’elles sont nourries avec des niveaux adéquats (réplétion). À cet effet, un total de 24 cochettes a été nourri selon un programme alimentaire en 2 phases (55-95 kg et 95-140 kg). Les régimes expérimentaux pour la phase de déplétion (D) étaient un aliment carencé (D60; 1,2 g de P digestible) apportant 60% des besoins en P et Ca ou non carencés (D100; 2,1 g de P digestible) apportant 100% des besoins pour des porcs en engraissement. Dans la phase de réplétion (R), la moitié des cochettes qui recevaient chaque régime de finition a été assignée au hasard à un régime témoin (R100) ou à un régime riche en P apportant 160% des besoins de porcs en engraissement (R160; 3,5 g de P digestible) selon un dispositif factoriel 2 x 2, résultant en quatre traitements: D60R100, D60R160, D100R100 et D100R160. Le contenu minéral osseux (CMO) du corps entier et des vertèbres lombaires L2-L4 ainsi que la composition corporelle des porcs ont été mesurés toutes les deux semaines par absorptiométrie biphotonique à rayons X (DXA). Les performances de croissance n’étaient pas modifiées par les régimes alimentaires. À 95 kg, le régime D60 engendrait une diminution de CMO tant au niveau du corps entier (-12% vs D100) que des vertèbres (-15% vs D100). À 140 kg, aucun effet significatif des régimes distribués en déplétion a été observé sur le CMO du corps entier et des vertèbres. En revanche, le CMO du corps entier et des vertèbres était plus faible chez les cochettes ayant reçu le R100 que chez celles soumises au R160 (P<0.001). Ces résultats montrent le potentiel de réduire l’utilisation du P alimentaire sans modifier les performances de croissance et confirment la capacité des cochettes déplétées à récupérer leur minéralisation osseuse avant la première saillie en augmentant leur efficacité d’utilisation de Ca et P. Enfin, une teneur élevée en P digestible entre 95 et 140 kg de poids corporel a permis d'augmenter encore la minéralisation osseuse, mais a nécessité l'utilisation de phosphates.