L’intérêt pour la bioprospection ne cesse de croître dans le domaine de l’oenologie. Cette pratique consiste à identifier des micro-organismes (levures, bactéries) présentant des propriétés utiles pour la vinification, comme la protection du moût, l’acidification naturelle ou l’enrichissement aromatique, tout en préservant la typicité des vins. À ce propos, de précédents travaux de recherche ont montré que l’utilisation de levures non-Saccharomyces telles que Metschnikowia pulcherrima permet à la fois de protéger les moûts contre l’altération microbienne et d’influencer le profil aromatique des vins. Cet article décrit l’isolement, la caractérisation et l’utilisation en vinification d’une souche autochtone de Metschnikowia pulcherrima. Les essais ont été réalisés à deux échelles: en laboratoire en 2021 et à la cave expérimentale au cours du millésime 2022 sur du moût de chasselas. Les résultats obtenus par cytométrie en flux montrent que Metschnikowia pulcherrima a une activité métabolique élevée et qu’elle n’empêche pas la fermentation de S. cerevisiae. Après les essais à l’échelle cave, l’analyse sensorielle met en évidence une légère contribution positive de cette levure au profil aromatique du vin (arômes fruités et lactiques plus prononcés) par rapport à la vinification du témoin. Les résultats globaux suggèrent que notre stratégie de bioprospection pour guider la sélection de micro-organismes indigènes peut être efficacement utilisée dans le processus de vinification.